À l’heure des départs en vacances, beaucoup d’automobilistes vont encore subir la limitation à 80 km/h sur les routes secondaires. Mise en place en 2018, cette mesure devait sauver des vies… mais son efficacité est loin de faire l’unanimité.
On avance souvent le chiffre de 300 vies épargnées en 20 mois, en s’appuyant sur la fameuse loi de Nilsson, une règle élaborée en Suède dans les années 1980. Cette loi considère qu’une baisse de 1 % de la vitesse moyenne entraîne une baisse de 4 % de la mortalité. Mais cette relation, observée sur des routes suédoises il y a plus de 40 ans, est-elle encore valable aujourd’hui en France, avec des voitures modernes mieux équipées, des routes mieux aménagées et des comportements différents ? Rien n’est moins sûr.
D’ailleurs, les chiffres montrent que dans près de la moitié des départements, la mortalité a stagné ou même augmenté après l’instauration du 80 km/h. Et pendant ce temps, les conducteurs subissent des trajets plus longs, une perte de vigilance liée à des vitesses trop basses, et une mesure vécue comme injuste, notamment dans les zones rurales où la voiture est indispensable.
Face à ce constat, de plus en plus de départements ont pris la décision de revenir au 90 km/h sur une partie de leur réseau. Ils sont déjà plus de cinquante à l’avoir fait, et un nouveau s’apprête à les rejoindre : l’Eure, qui repassera au 90 km/h en 2026.
À terme, il serait logique que cette règle soit rétablie partout, pour plus de clarté, d’égalité et d’efficacité.
No responses yet