Jody Horcholle

Je vous invite à envoyer ce courrier au Président de votre département.

Si vous utilisez ce courrier, merci de bien vouloir indiquer à la fin l’adresse de la page Facebook : https://www.facebook.com/CLLDV/

Monsieur le Président du département,

Le Premier Ministre a pris le 1er juillet 2018 un décret dont l’objectif était d’améliorer la sécurité routière. Cet acte réglementaire porte sur trois axes avec 18 mesures dont 7 fortes. Parmi elles, l’abaissement de la limitation de la vitesse maximale de 90 km/h à 80 km/h, sur les routes à double sens sans séparateur central.

Cette mesure semble a été prise sans expérimentation sérieuse préalable ni concertation avec les collectivités territoriales. Or, Ce sont les départements les plus à même de fixer les limitations de la vitesse en concertation avec la DIR (Direction Interdépartementale des Routes). Cette dernière possède une excellente connaissance des zones accidentogènes et peut également proposer des aménagements des infrastructures routières.

L’objectif ambitieux du Premier Ministre de 400 vies sauvées n’a pas été atteint. Calculé à partir de la formule de Nilsson le nombre de vies sauvées par l’abaissement de la limitation de vitesse, semble mathématiquement irréaliste. Le nombre de vies épargnées semble plus proche de 96, si nous utilisons cette formule.

Cette mesure très impopulaire, rejetée par 76 % des français, semble être un des éléments ayant contribué à l’apparition d’un mouvement social sans précédent. Le déclencheur et le point commun de la grogne des gilets jaunes se trouvent dans l’augmentation des prix des carburants qui a suivi la mise en place de l’abaissement de la limitation de vitesse.

Un bilan provisoire de cette mesure présenté par l’économiste Rémy Prud’homme, membre du Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h, permet d’obtenir les résultats suivants :

* Une augmentation du temps de transports de 5 %. Soit un coût de 4,4 milliards du fait du temps perdu par les professionnels.
* Une diminution très faible de la consommation de carburant de 0,001 L/km, ou si l’on préfère de 1,8 %.
* Une baisse non significative de 0,2 % des rejets de CO2 de la France

Nous pouvons noter que ce coût est principalement supporté par les zones pauvres rurales.

L’année 2018 est la moins meurtrière de l’histoire de la Sécurité Routière. Avec 189 décès de moins qu’en 2017, la mortalité routière de l’année 2018 est en baisse de 5,5 %. Il faut ajouter que sur les six premiers mois de l’année 2018, 101 vies ont été épargnées. Sur le second semestre après l’entrée en vigueur de cette mesure c’est 88 vies sauvées.

Les pouvoirs expliquent cette reprise à la hausse du nombre de morts par la dégradation des radars automatiques. Ce phénomène exprime également le non consentement à ces contrôles de plus en plus nombreux par une partie de la population.

Le décret du Premier Ministre pris en 2018, avec sa mesure phare, met l’accent sur la vitesse pour faire baisser la mortalité routière. La vitesse est le 4ème facteur d’accident. Elle est présente dans 27 % des accidents, mais ce n’est pas forcément la cause principale. Ainsi dans 73 % des cas la vitesse n’aura aucun impact sur les autres accidents.

Cette mesure semble donc peu efficace pour lutter contre l’insécurité routière. Le bilan des gains et des coûts est largement négatif.

C’est pourquoi je vous demande de bien vouloir revenir sur cette limitation de vitesse et augmenter la vitesse à 90 km/h sur le réseau des routes départementales. Il est bien évident que la limitation de vitesse doit être adaptée en fonction des routes et des zones pouvant être les plus accidentogènes.

Je vous formule plusieurs propositions permettant d’aller dans le sens de l’amélioration de la Sécurité Routière. Certaines mesures relèvent de l’échelon départemental, d’autres doivent s’appliquer au niveau national :

  • La lutte contre l’alcool et l’emprise de stupéfiants au volant (multiplication des contrôles)
  • La mise en place d’actions de préventions en matière d’éducation routière (ex : le permis à point piéton à l’école)
  • L’éducation dès le plus jeune âge à la sécurité routière
  • Aménagement des infrastructures routières (entretien des routes, glissières de sécurité double pour les motards).
  • L’encouragement des bons conducteurs : attributions de points.

Je reste à votre disposition pour échanger sur le thème de la sécurité routière. Persuadé que vous aurez à cœur de prendre en compte la volonté des habitants de notre département, je compte sur votre intervention pour revenir sur cette mesure qui paraît injuste, injustifiée et inefficace.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération la plus distinguée.

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