Monsieur, Madame,
Vous êtes candidat aux élections départementales, et comme vous le savez très certainement, depuis plus d’un an maintenant, les départements ont la possibilité de relever à 90 km/h la limitation de vitesse sur les tronçons passés à 80 km/h le 1er juillet 2018.
Pour cela, des conditions draconiennes sont imposées. « Les tronçons proposés devraient avoir une longueur de plus de 10 km, sans intersection, sans arrêts de transport en commun ou traversée de hameaux ni circulation d’engins agricoles ; des séparateurs centraux devraient être installés sur ces tronçons ; des “zones de récupération” de 2 m de large ainsi que des “zones de sécurité” de 4 m de large devraient être aménagés ; un système de contrôle automatisé devrait être mis en œuvre… »
Actuellement, 33 départements ont, totalement ou partiellement, fait marche arrière sur les 80 km/h.
Le Premier Ministre a pris le 1er juillet 2018 un décret dont l’objectif était d’améliorer la sécurité routière. Cet acte réglementaire porte sur trois axes avec 18 mesures dont 7 fortes. Parmi elles, l’abaissement de la limitation de la vitesse maximale de 90 km/h à 80 km/h, sur les routes à double sens sans séparateur central.
Cette mesure semble avoir été prise sans expérimentation sérieuse préalable ni concertation avec les collectivités territoriales. Or, Ce sont les départements les plus à même de fixer les limitations de la vitesse en concertation avec la DIR (Direction Interdépartementale des Routes). Cette dernière possède une excellente connaissance des zones accidentogènes et peut également proposer des aménagements des infrastructures routières.
L’objectif ambitieux du Premier Ministre de 400 vies sauvées n’a pas été atteint. Calculé à partir de la formule de Nilsson le nombre de vies sauvées par l’abaissement de la limitation de vitesse, semble mathématiquement irréaliste. Le nombre de vies épargnées semble plus proche de 96, si nous utilisons cette formule.
Cette mesure très impopulaire, rejetée par 76 % des français, semble être un des éléments ayant contribué à l’apparition d’un mouvement social sans précédent. Le déclencheur et le point commun de la grogne des gilets jaunes se trouvent dans l’augmentation des prix des carburants qui a suivi la mise en place de l’abaissement de la limitation de vitesse.
Un bilan provisoire de cette mesure présenté par l’économiste Rémy Prud’homme, membre du Comité indépendant d’évaluation des 80 km/h, permet d’obtenir les résultats suivants :
* Une augmentation du temps de transports de 5 %. Soit un coût de 4,4 milliards du fait du temps perdu par les professionnels.
* Une diminution très faible de la consommation de carburant de 0,001 L/km, ou si l’on préfère de 1,8 %.
* Une baisse non significative de 0,2 % des rejets de CO2 de la France
Nous pouvons noter que ce coût est principalement supporté par les zones pauvres rurales.
L’année 2018 est la moins meurtrière de l’histoire de la Sécurité Routière. Avec 189 décès de moins qu’en 2017, la mortalité routière de l’année 2018 est en baisse de 5,5 %. Il faut ajouter que sur les six premiers mois de l’année 2018, 101 vies ont été épargnées. Sur le second semestre après l’entrée en vigueur de cette mesure c’est 88 vies sauvées.
Les pouvoirs expliquent cette reprise à la hausse du nombre de morts par la dégradation des radars automatiques. Ce phénomène exprime également le non consentement à ces contrôles de plus en plus nombreux par une partie de la population.
Le décret du Premier Ministre pris en 2018, avec sa mesure phare, met l’accent sur la vitesse pour faire baisser la mortalité routière. La vitesse est le 4ème facteur d’accident. Elle est présente dans 27 % des accidents, mais ce n’est pas forcément la cause principale. Ainsi dans 73 % des cas la vitesse n’aura aucun impact sur les autres accidents.
Cette mesure semble donc peu efficace pour lutter contre l’insécurité routière. Le bilan des gains et des coûts est largement négatif.
Je souhaiterai donc savoir en cas d’élection en tant que conseiller départemental quelle serait votre position sur ce sujet ?
Je reste à votre disposition pour échanger sur le thème de la sécurité routière. Persuadé que vous aurez à cœur de prendre en compte la volonté des habitants de votre canton, je compte sur votre intervention pour revenir sur cette mesure qui paraît injuste, injustifiée et inefficace.
Je vous prie d’agréer, Monsieur, Madame, l’expression de ma considération la plus distinguée.
Jody Horcholle
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